La photographie pornographique est exceptionnelle, la seule photographie qui réalise le «ça a été» mythique. Il y a eu un sexe bandé, il y a eu un sexe pénétré, cela n'a pas été joué. Il n'y a pas de distance entre une photographie pornographique et son référent.

En ce sens la pornographie relève plus de la technique que de son sujet. Le pornographique c'est l'exposition brute brutale avec l'illusion que cette exposition nous dirait quelque chose, alors que cette brutalité même empèche toute autre réaction épidermique.

Un des buts que je m'étais donné avant même de commencer des séries était de réaliser des photographie à la fois artistiques et pornographiques. C'est un échec. S'il est possible de faire des photographies artistiques d'une grande crudité il n'est pas possible de les rendres pornographique, car l'art ne peut exister sans la distance, sans un espace métaphorique. On peut prendre des photo pornographiques, les exposer comme oeuvre d'art, elles ne garderont de pornographique que leur origine, mais elles seront désignées comme autres.

Entre l'art et la pornographie il existe une autre barrière, celle de la provocation. La pornographie ne provoque rien, à part des érections. La pornographie se nourrit des fantasmes les plus standards, aucune originalité ne la peuple . Puisqu'elle colle au plus près, elle ne décolle pas. Il ne faut pas confondre ici la pornographie avec la sexualité. Si la sexualité peut-être subversive, la pornographie n'en n'offre qu'une vision conforme.