Quand on regarde une photo de nu, tout est fait pour que le spectateur se retrouve seul face à la femme représentée. Si le modèle sourit c'est au spectateur qu'elle sourit, le photographe est presque voire totalement absent. En rentrant dans la photo, je me rapproche du modèle mais je l'éloigne du spectateur. Ce n'est plus lui qui possède mais le photographe. La position que j'occupe est trouble, je n'entre pas incidemment dans la photo par un jeu de miroir ou par une ombre, je suis directement sur la photo, et pas par le truchement d'un boitier télécommandé ou d'un assistant ce qui me positionnerait plus comme un acteur. Il y a dans la même proximité le modèle, le photographe, l'appareil photo.

Il y a une autre manifestation de la proximité. Le nombre de photos que je prend permet de décrire au plus près ce qu'il s'est passé. Une sorte de photographie «vérité» sans mise en scène. Il y a dans cette approche une tentation pornographique, montrer cruement les choses sans distanciation. Mais celle-ci est mise en défaut par la présentation même de toutes ces images, le nombre trop important et la présentation en masse rend la lecture une à une des photos impossible.

Toute tentative de se rapprocher, d'annuler la distance ne fait que déplacer la distance.